Heloïse Muller, chercheuse à l'Ifremer Plouzané
Mon parcours est marqué par une passion pour l'océanographie et les sciences de l'environnement, que j'ai cultivée via un cursus académique et professionnel axé sur la recherche et l'ingénierie. Après une classe préparatoire Maths-Physique, j'ai intégré l'ENSTA Bretagne où je me suis spécialisée en océanographie-hydrographie. En parallèle, j'ai obtenu un master en océanologie à l'Université de Bretagne Occidentale. J'ai poursuivi avec une thèse CIFRE en collaboration avec l'Ifremer, l'UBO et ACTIMAR, portant sur la circulation lagrangienne en mer d’Iroise, intégrant des modélisations météo-océanographiques et des données de radars HF. Après ma thèse, j'ai travaillé deux ans chez ACTIMAR sur des projets d’océanographie opérationnelle. En 2010, j'ai rejoint le BRGM à Orléans en tant qu'ingénieur-chercheur dans les risques côtiers et le changement climatique. Depuis 2018, je suis chercheuse à l’Ifremer, spécialisée dans les interactions entre hydrodynamique côtière, sédiments et écosystèmes côtiers, pour une gestion durable des environnements littoraux.
Ce qui m’anime dans la recherche, c’est l’opportunité d’allier curiosité et application concrète des résultats. C’est un espace de liberté où l’on explore, teste et découvre des solutions qui peuvent faire bouger les choses. J’aime cette capacité à questionner les paradigmes existants tout en cherchant des réponses à des défis concrets.
La recherche académique est essentielle pour répondre aux défis industriels. Toutefois un décalage existe entre la rapidité attendue par les entreprises et le temps nécessaire pour produire des solutions scientifiques robustes. Certaines innovations, notamment dans le domaine de l’écologie, demandent du temps pour prouver leur efficacité. Par exemple, nous commençons à bien comprendre que les solutions qui cherchent à restaurer ou à préserver les écosystèmes naturels, plutôt qu’à imposer des modifications forcées du paysage, sont bien plus efficaces et durables que les interventions humaines trop invasives.
Une évolution des mentalités est donc nécessaire : les chercheurs doivent intégrer les problématiques concrètes rencontrées par les entreprises, et les industriels doivent accepter que certaines innovations prennent du temps pour offrir des solutions durables et solides. En travaillant ensemble dès la conception des projets, chercheurs et industriels peuvent créer un partenariat bénéfique pour les deux parties, combinant rapidité et durabilité dans les innovations.
En tant que chercheure, je suis toujours à la recherche de nouveaux savoirs, de nouvelles méthodologies, de nouvelles façons de lier les différents domaines pour mieux comprendre notre monde marin. Et c’est cette quête incessante qui définit, à mon sens, ma démarche scientifique.